200                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Esprit, à Bruges: l'Adoration des Bergers avec sainte Catherine et sainte Anne, et la Vierge portant l'enfant Jésus, entre saint Jean Baptiste et saint Jean l'Evangéliste. Enfin la marque B, relevée sur trois pièces d'une Histoire de Scipion conservée en Espagne, indiquerait, d'après certains écrivains, une origine bru-geoise. Le monogramme tissé dans la lisière de ces pièces serait la signature de Jean Crayloot de Bruges.
Signalons encore trois tapisseries du xvi0 siècle appartenant à l'église Notre-Dame-de-la-Poterie, de Bruges, et retraçant la lé­gende miraculeuse de la patronne de cette paroisse, avec texte en flamand. Ces pièces ont été attribuées, non sans vraisemblance, aux ateliers brugeois.
Lille, Valenciennes. — Les grandes villes de la Flandre méridio­nale, Lille et Valenciennes, ne paraissent pas avoir possédé d'ate­liers de haute lice au xvi0 siècle. On voit apparaitre, il est vrai, quelques rares tapissiers à Valenciennes pendant cette période; ce sont généralement des criminels venant chercher un asile, ou des fugitifs chassés par les persécutions religieuses. Cela ne saurait constituer une industrie locale sérieuse.
Aussi n'y a-t-il aucune raison pour attribuer aux artisans de Valenciennes, comme on l'a fait quelquefois, la curieuse tapisserie représentant un Tournoi, conservée dans le musée de la ville. Cette pièce a une origine allemande, comme le prouvent les vingt écussons chargés de lambrequins et de cimiers disséminés dans la bordure. On a reconnu plusieurs de ces armoiries appar­tenant à des familles germaniques. La tapisserie de Valenciennes viendrait peut-être, c'est Alexandre Pinchart qui a proposé cette hypothèse, de Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, dont l'inventaire, rédigé en 1523, contient l'article suivant : « Six pièces de tapisseries de personnages de tournoi. » Seulement on avait lu jusqu'ici Tournai, ce qui ne signifie rien, au lieu de tournoi. La tapisserie de Valenciennes serait une de ces six pièces.
Un ouvrier de haute lice, nommé Philippe Blanchard, fixé à à Cambrai en 1559, était originaire de Valenciennes.
Orchies, Lannoy. — Parmi les protestants qui cherchèrent un refuge à Valenciennes se trouvent deux artisans originaires d'Or-chies; c'est tout ce qu'on sait des ateliers de cette petite localité.